HADOPI, dont la mise est oeuvre est désormais effective malgré l’intelligente (et opportuniste) résistance de l’opérateur FREE est un véritable massacre législatif dont seule la présidence Sarkozy aura eu le secret tout au long de son quinquennat.
HADOPI est tout d’abord une insulte au bon sens : en effet, plus personne ou presque ne télécharge aujourd’hui. On écoute sur le net et on regarde en "streaming", c’est-à-dire en flux, mais on ne télécharge plus. Une insulte à la technologie ensuite car - bien évidemment - le dispositif est d’une facilité déconcertante à contourner pour tout internaute un tant soit peu régulier. Le gouvernement n’hésite donc pas à édicter une loi qui fait mourir de rire les principaux intéressés, les "pirates", simplement pour faire plaisir à une clientèle "has been" de chanteurs désormais bienvenus à l’Elysée. Un massacre législatif enfin puisque - comme le souligne justement Jacques Attali - il faut avoir une bien triste conception de sa condition d’artiste pour préférer sa rémunération à la diffusion de son oeuvre, préférer le consumérisme à la postérité. Aujourd’hui, on protège le marchand contre le créateur, le parieur en ligne plutôt que l’innovateur. Il suffirait pourtant de mettre en oeuvre la licence globale pour rémunérer les auteurs.
Mais au-delà, c’est le principe même de cette loi frôlant les limites de Constitutionnalité qui est scandaleuse. Scandaleuse, parce qu’elle ouvre la voie à une surveillance généralisée des internautes. En effet, l’internaute qui recevra à partir d’aujourd’hui un avertissement et se trouvera ensuite durement sanctionné le sera car il n’aura pas "sécurisé" sa propre connexion Internet ! On pourra donc être sanctionné sans avoir téléchargé.
Pendant ce temps-là on supprime 10 000 postes de policiers et gendarmes, on continue le racket des automobilistes sous couvert de sécurité routière et l’AMF n’a toujours aucun moyen (ou presque) pour poursuivre les plus grands délinquants, à savoir ceux qui - en col blanc - volent des millions d’euros. Mais qu’on se rassure et qu’on dorme tranquille : tout téléchargement sera désormais sévèrement puni ! CQFD.
Félicitons au moins Madame Albanel, grande prêtresse de l’HADOPI qui a vaillamment essuyé les plâtres face aux Internautes, pour sa brillante reconversion en tant que Directrice de la communication d’un très grand groupe français.
Chez Orange...
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l’Essonne et président de Debout la République